Reborn ~ Prologue

Note importante

Ce livre est le deuxième tome de la série Il(s) & Elles.

Même si les deux histoires peuvent se lire indépendamment l’une de l’autre, il vous sera malgré tout plus confortable de lire cette histoire après avoir déjà découvert Benjamin et Sophie dans Love Flight.

En effet, ce tome résume en grande partie son précédent dès les premiers chapitres., afin de bien faire coincider les histoires.

 Aussi, si vous n’avez pas encore lu Love Flight, mais que vous pensez le faire, vous découvrirez des éléments importants de l’histoire de Ben et Pauline dans celle-ci. Il sera donc moins agréable de la découvrir ensuite… 

Bonne lecture

Sophie

Quelques semaines plus tôt…

 

Je regarde Ben se lever et je l’imite.

Je viens de tout lui expliquer. Je sais que j’ai perdu mon ami, mon amour… Cette maladie m’aura tout pris. Mais dans ma tristesse, je sais que lui est heureux et a trouvé son bonheur, sa perle rare, son âme sœur.

Il me fait un dernier câlin. Je le regarde. Mes yeux le supplient de me donner au moins une fois ce que je souhaite et il cède. Ses lèvres viennent se poser sur les miennes, nos bouches s’ouvrent et nous échangeons ce qui aurait pu être notre premier baiser… J’ai tellement rêvé de ce moment depuis des jours, des semaines, des mois… Mais l’image de son frère s’impose à moi. Je ne suis pas dans ce baiser. Lui non plus, d’ailleurs. Je le sens. Je le sais. Je connais Ben par cœur. J’ai grandi avec lui. Il connaît tous mes secrets et moi les siens… Enfin, sauf peut-être les derniers, ceux qu’il a avec Pauline. Mais je n’arrive pas à lui en vouloir pour ça. 

Nous nous écartons l’un de l’autre puis nous échangeons un sourire timide, mais confiant. Il vient de comprendre, comme moi, à qui appartient son cœur. Je viens, sans aucun doute, de retrouver mon ami, mais je suis perdue… Tout se mélange dans ma tête, dans mon cœur… J’ai besoin de prendre du recul.

Ben sort de la cuisine, puis de l’appartement. Son portable sonne sur la table. Je l’appelle. Mais il semble n’avoir qu’un seul but en tête et ne se retourne pas.

Je pars dans la chambre de son frère. Je m’installe sur le bord du lit et je regarde autour de moi. Je pleure. Je pleure mes choix. Je pleure ces cinq années. Je pleure son absence. Je pleure cet homme qui aurait dû être mon mari, qui aura toujours sa place dans mon cœur. Je pleure, car je doute d’avoir toujours la mienne dans le sien.

Mon regard se pose sur le cadre photo que j’ai retourné depuis mon arrivée. Je le prends dans mes mains. Une jolie jeune fille blonde y sourit, insouciante, heureuse de la vie et amoureuse de son photographe. Un vestige de ce que j’ai pu être autrefois. C’est de cette fille-là que Benjamin est amoureux. Pas de moi.

« Grande nouvelle frérot : Je rentre bientôt… »

Raison de plus pour partir d’ici. Je ne peux pas m’imposer à lui, pas dans cet état. Je dois d’abord remettre de l’ordre dans ma vie, dans ma tête, dans mon cœur. Papa et maman m’y aideront, j’en suis certaine. J’ai raison de retourner chez eux, finalement.

Je commence à réunir toutes mes affaires. Le téléphone de Ben n’arrête pas de sonner dans la pièce voisine. J’ai presque envie de répondre pour lui. Mais je ne veux plus m’immiscer dans sa vie. Je dois le laisser libre de vivre heureux avec Pauline.

Lorsque ma valise est prête, je pars la mettre dans l’entrée. La porte s’ouvre au moment où j’arrive dans le petit vestibule.

— Sophie…

Je m’immobilise. Une larme roule sur ma joue. Mon amour me fait face, mais je ne suis plus que l’ombre de moi-même, un fantôme du passé. Je suis pétrifiée, incapable de réagir. Je ne voulais pas qu’il me voie comme ça.

Sa main se lève et vient caresser ma joue, ramassant mes larmes sur son passage.

Mes yeux embrumés ne parviennent pas à se détacher des siens. Il me regarde avec adoration et amour. Ne voit-il pas comment je suis réellement ?

— Tu m’as tellement manquée, mon ange.

De nouvelles larmes sortent de mes yeux. Je ne parviens toujours pas à bouger. Il prend les devants et s’approche de moi. Ses mains viennent se glisser dans ma nuque et il lève mon regard vers lui, comme il l’a toujours fait. Je me sens bien. Je me sens chez moi. Je lui souris.

Il dépose tendrement ses lèvres sur les miennes, prend le temps de les redécouvrir avant d’essayer d’approfondir son baiser.

Je reprends alors mes esprits. Je ne peux pas le laisser m’embrasser. Je ne peux pas l’obliger à m’aimer encore. Je ne suis plus qu’une moitié de femme. Je place mes mains sur son torse et l’encourage à arrêter son délicieux contact.

— Benjamin, s’il te plait.

Il m’obéit, s’écarte et me regarde. Mes lèvres tremblent et mes doigts viennent nerveusement caresser le foulard qui recouvre mon crâne. Il me sourit tendrement, comprenant ce qui me gêne.

— Tu es magnifique Sophie. Tu l’as toujours été et tu le seras toujours.

— Je ne ressemble plus à rien, Benjamin.

Je sanglote. Il me caresse la joue du dos de sa main.

— Je pense encore avoir mon mot à dire concernant ce qui me plait, non ?

— Je ne peux pas t’imposer ça…

— Ne m’impose pas d’être encore séparé de toi, s’il te plait. C’est tout ce que je te demande, Sophie. Pour le reste, fais-moi confiance, mon cœur.

Il s’approche alors de moi, puis m’embrasse, vraiment cette fois-ci. C’est tellement bon de le sentir à nouveau contre moi que je cède. Mes mains viennent redécouvrir son corps alors que les siennes traînent sur le mien. Je lâche prise, complètement. Quelque chose au fond de moi me dit que je ne devrais pas, mais il m’a tellement manqué… Mon cœur a tellement saigné en son absence que j’ai besoin de ça… et tant pis pour les conséquences.

Il m’attrape sous les fesses et j’enroule mes jambes autour de ses hanches. Il m’emmène quelque part… Sur le canapé. Très vite, il retire mes vêtements. Je sens que je l’attire vraiment et, depuis longtemps, je me sens bien. Vraiment bien. Je lui laisse les commandes. Je me suis toujours sentie chez moi dans ses bras, là où je devais être. Et c’est encore comme ça que je me sens, là, malgré cette petite voix qui me dit de ne pas trop lâcher prise.

Je vois alors quelque chose bouger derrière nous, puis un bruit. Je redresse la tête.

— Pauline, mais qu’est-ce que tu fais là ?

Benjamin s’arrête lui aussi, puis se retourne. Pauline sanglote et nous invective.

— Comment vous avez pu me faire ça ? Putain, Ben, je te faisais confiance… Ne m’approche plus jamais… Ne m’approchez plus jamais ni l’un ni l’autre. Je vous hais.

Elle part en courant. Je ne peux pas la laisser croire ça… Je remets mon haut à la hâte et la suis, plantant là Benjamin, qui semble ne rien comprendre.

Heureusement pour moi, Pauline a été ralentie dans sa course par quelqu’un.

— Papa ? Tu es déjà là !

Mon père me regarde bizarrement. Puis Pauline se retourne vers moi.

— Papa ? répète-t-elle.

Son visage perd toute sa couleur. Elle semble paniquée et prend la fuite. Qu’est-ce qui vient de se passer là ?

Je réglerai ça plus tard.

Je ne peux pas laisser Pauline croire ce qu’elle pense avoir vu… Je me lance à sa poursuite malgré mon père et Benjamin qui me supplient derrière moi de ne pas faire d’imprudence.

Quelques secondes plus tard, je comprends qu’ils avaient raison. Le sol se dérobe sous mes pieds, je tombe. Benjamin est le premier à mes côtés. Il me tapote le visage.

— Hé, mon ange ! Ça va ?

— Oui, moi, ça va. Mais rattrape Pauline, s’il te plait. C’est important. C’est la copine de Ben. Elle a dû croire…

— Oui, j’ai compris…

Mon père arrive derrière nous.

— Ma puce, ça va ?

Je lui réponds que oui sans même tourner la tête et supplie encore Benjamin.

— S’il te plait, rattrape-là.

Il regarde alors mon père. Le regard qu’ils échangent est bizarre. Ces deux-là se détestent et je sais que Benjamin ne voudra pas me laisser avec lui.

— Rattrape cette fille, Benjamin. Ma fille te le demande.

— Pour que tu lui interdises encore ma visite après !? Il est hors de question que je l’abandonne encore une fois.

— Après ce que tu as fait, tu espères vraiment que je vais te laisser la voir ?

— Papa, Benjamin s’il vous plaît… Arrêtez tout ça, s’il vous plaît.

Je hurle. Je pleure. Mon père fait pour me prendre dans ses bras, mais c’est dans ceux de Benjamin que je me réfugie. Mon père se retourne vers lui.

— Tu as une grosse ardoise à effacer. Ce ne sera pas si simple, crois-moi !

— Je sais les erreurs que j’ai faites. Je pense avoir payé ma dette, Paul. Et je pense que Sophie et moi, on a assez souffert pour s’autoriser à être de nouveau heureux.

Benjamin me fixe alors dans les yeux.

— Je vais rattraper Pauline. Mais promets-moi qu’on se revoit après.

Je regarde mon père, le défiant du regard de me l’interdire encore. Je ne suis plus cette petite fille fragile et malade. Je peux, je dois lui tenir tête.

— Je te le promets.

Je scelle mes paroles d’un chaste baiser. Benjamin regarde mon père et je sens l’avertissement dans son regard. Puis il descend les marches quatre à quatre pour rattraper Pauline

Benjamin

Lorsque j’arrive devant l’immeuble, c’est la cohue. Un attroupement de gens semble avoir élu domicile ici. J’entends vaguement des discussions et je crains le pire.

Je me fraie un passage parmi les badauds et mon cœur marque un raté. Mon frère est agenouillé au sol, un corps frêle et inanimé dans les mains… Il psalmodie.

— Brunette ! Brunette ! Brunette !

Je tombe à genoux.

                                                                                                 *****

Des tirs aériens nous bombardent. Je reçois l’ordre de sortir de là au plus vite.

Qu’ils aillent se faire foutre, je ne l’abandonnerai pas !

Mon coéquipier, mon pote, est enfermé quelque part ici. Je ne repartirai pas sans lui. Je lui ai promis qu’il reverrait sa femme à la fin de cette mission. Sa dernière. Je fouille partout, j’entends hurler dans mon oreillette que c’est du suicide.

Je ne peux pas l’abandonner…

Je ne peux plus abandonner qui que ce soit…

Je le trouve enfin, sous un amas de gravats. Il respire. Faiblement, mais il respire. Je réponds enfin à mon supérieur, je lui explique que je l’ai trouvé et que nous sortons.

Je prends Aymeric et le porte sur mon épaule, gardant mon arme devant moi pour nous protéger. J’arrive à la porte. J’entends une rafale de tirs, je nous plaque vite contre le mur. Je vois mon équipe nous rejoindre en courant pour nous mettre à l’abri. Je dépose enfin mon pote pour qu’il reçoive des soins.

Du sang. Du sang partout sur lui. Sur moi. Je m’agenouille et le prends dans mes bras. Je pleure mon ami. Mon sauveur… Mon bouclier humain…

— Aymeric ! Aymeric ! Aymeric !

                                                                                                        *****

Des sirènes de pompiers se font entendre et me sortent de ma torpeur. Un des secouristes s’approche de Ben et lui demande de s’écarter de sa copine, de les laisser travailler. Il se met à trembler comme une feuille.

Mes yeux se tournent vers le corps de Pauline. La culpabilité m’envahit… Encore. Mais je gérerai ça plus tard, mon frère a besoin de soutien. Je pose ma main sur son épaule.

— Ben, laisse-la. Viens avec moi. Les secours sont là. Ils vont s’occuper d’elle.

Il prend une grande inspiration. Je sais qu’il a compris que j’étais là…

Qu’a-t-il compris d’autre ?

Il ne détourne pas les yeux de sa petite amie pendant que les pompiers et les médecins du SAMU font tout leur possible pour la sauver. Quand ils viennent nous expliquer qu’ils l’emmènent à l’hôpital, qu’elle a besoin de soins plus sérieux en urgence, je sais que Ben est dans un état second et ne comprend plus rien. Il ne le peut plus. Il a déconnecté pour ne pas avoir à affronter la vérité. Je connais trop bien ce sentiment.

C’est dans des situations comme celle-là que je me dis qu’avoir subi la guerre m’aide… La détresse, l’urgence, c’était mon quotidien là-bas. Aujourd’hui, ça m’aide à faire surface et à aider mon frère. Mais je sais que cette vision de Pauline dans les bras de Ben sera une image de plus qui hantera mes nuits à l’avenir.

Je prends son relais auprès des secouristes. Je note les coordonnées de l’hôpital et emmène mon frère vers notre appartement. Il s’y oppose dans un premier temps et veut la suivre. Mais les secours refusent sa présence dans le véhicule. Son état est trop critique.

Chez nous, je l’oblige à prendre une douche, à se nettoyer de son sang, pendant que je réunis à la hâte ce qui me semble nécessaire pour partir rejoindre Pauline. Dans la cuisine, je trouve un mot de Sophie.

« Benjamin,

Mon père refuse que je vous attende. Il dit qu’il est pressé, mais j’ai l’impression qu’il y a autre chose…

Explique à Pauline, s’il te plait, que ce n’était pas Ben qu’elle a vu. Je te raconterai tout, mais c’est très compliqué. Elle ne peut pas rester dans le doute, c’est important.

Appelle-moi, je te répondrai cette fois. Je tiendrai ma promesse.

On a beaucoup de choses à régler, mais je suis heureuse que tu sois revenu. »

Ben sort vite de la douche. Elle semble au moins l’avoir sorti de sa torpeur. Il attrape les clés de sa voiture et me demande l’adresse. Je lui prends le trousseau et m’impose en chauffeur. Je sais qu’il ne prête jamais sa voiture, son bolide. Mais là, il ne peut pas conduire.

— Tu n’es pas en état. Ce n’est pas le moment de te planter.

Dans la voiture, je le vois cogiter. Je sais qu’il va me poser des questions, mais je ne sais pas encore quelles réponses lui donner. Sophie m’a parlé d’une histoire compliquée sur son mot. Je dois lui parler pour mieux comprendre les choses avant de dire à mon frère quoi que ce soit qui pourrait empirer la situation. Alors, quand il essaie de savoir, j’esquive sa demande.

— Qu’est-ce qu’il s’est passé Benjamin ? Je comprends pas. Je comprends rien… Pourquoi elle était là ? Pourquoi tu es là ? Je suis paumé…

— On va d’abord aller la rejoindre. Je t’expliquerai tout, mais pour le moment, il faut que tu te concentres sur elle.

Il me regarde et secoue la tête. Il ne va pas lâcher si facilement. Alors, je l’oriente vers un autre sujet.

— Y’a pas quelqu’un à prévenir, Ben ? Des parents, un frère, une sœur, une amie peut-être ?

— Si… J’y avais même pas pensé. Merci.

Un peu plus tard, j’abandonne mon frère à l’hôpital pour récupérer sa belle-mère à l’aéroport. Je profite de la route pour appeler Sophie. Elle décroche et ne me laisse même pas le temps d’en placer une.

— Benjamin, tu as retrouvé Pauline ?

— Sophie, c’est… Compliqué, mon ange.

— Qu’est-ce que tu veux dire ?

— Pauline a eu un accident.

— Quoi ? Comment ça ? C’est grave ?

— Je suis désolé, mon ange.

— Ho mon Dieu… Qu’est-ce qu’elle a ? Elle est où ? Ben est au courant ? Il faut le prévenir, Benjamin.

— Sophie, calme-toi. Ben est avec elle.

— Tu veux dire qu’ils ont eu cet accident ensemble ? s’affole-t-elle.

— Non. Non ! Sophie, mon ange, laisse-moi t’expliquer.

— Je t’écoute.

— Quand elle est sortie de l’immeuble tout à l’heure, elle a été percutée par un véhicule. Les secours l’ont emmenée à l’hôpital. Pour le moment, on n’en sait pas vraiment plus.

— Est-ce que c’est grave, Benjamin ?

— Je le crains, oui.

— Ho… C’est pas vrai, Benjamin, non. C’est pas possible… sanglote-t-elle.

— Sophie, mon ange… Je dois rejoindre Ben là, mais est-ce que tu veux bien que je vienne te rejoindre après, s’il te plait ? Je ne veux pas te laisser seule, pas ce soir… Pas comme ça.

— Mon père… souffle-t-elle.

— Je ne lui permettrai plus de nous séparer, Sophie. Tu n’es plus malade et je suis revenu. Je pense que c’est à nous de choisir, à toi, ma puce. Ne le laisse plus décider pour toi, s’il te plait.

— Je vais essayer.

— Tu vas y arriver Sophie, je vais t’y aider. À plus tard, mon ange.

— À tout à l’heure, Benjamin.

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